De Moscou à Zagreb, la Gay pride n'est pas à la fête - Petit tour d'horizon
En apprenant que la gay pride de Moscou n'aurait pas lieu pour la 5ème année consécutive, je voulais rédiger un article à ce sujet. Cependant, j'ai découvert un très bon article intitulé "De Moscou à Zagreb, la Gay Pride n'est pas à la fête". Attention, les vidéos sont assez dur, à l'image de la réalité. Une preuve qu'il reste beaucoup de travail à faire pour que les mentalités évoluent.
Bonne lecture !
08/05/2010
La Baltic Pride organisée ce samedi à Vilnius, en Lituanie, a bien failli être annulée. Chaque année, des dizaines de marches des fiertés homosexuelles sont organisées partout dans le monde. En Europe de l'Est, interdictions et violences font souvent partie de la fête.
Par Aurore Lartigue
Avec le mois de mai, commence la saison des marches des fiertés
homosexuelles. Et son cortège d’interdictions de la honte. Ou de
tentatives du moins.
La Baltic Pride a bien failli inaugurer la
série. Pour sa quatrième édition, la parade devait avoir lieu à
Vilnius,en Lituanie, ce samedi. Une première. Mais la manifestation a
été suspendue par une décision de justice. Argument invoqué par le
parquet : des groupes radicaux prévoyaient de s’en prendre violemment
aux participants de la marche.
"Un prétexte", pour Mathilde Chevalier, membre de la commission LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels) d’Amnesty International. "Les associations s’étaient mises d’accord avec les forces de police qui s’étaient dit prêtes à assurer la sécurité."
Plusieurs semaines auparavant, plusieurs députés avaient
demandé au parquet d’annuler également cette Gay pride pour "atteinte
aux valeurs de la famille". Mais leurs demandes avaient été
rejetées.
La Baltic Pride finalement autorisée
Suite au jugement, les associations se sont pourvues en cassation, et la cour a rendu son arrêt aujourd’hui. In extremis. La marche pourra bien avoir lieu. Les années précédentes, la Baltic Pride se tenait à Riga, en Lettonie. "Tout s’était très bien passé, commente Mathilde Chevalier. Même si le maire a essayé de l’interdire à chaque fois."
En Lituanie, l’influence de l’Eglise reste forte. Des
membres du clergé ont d’ailleurs appelé à lutter contre la Gay Pride
avec des prières… "C’est d’autant plus grave, que la Lituanie fait
partie de l’Union européenne", déplore Mathilde Chevalier. Les
marches des fiertés rentrent pourtant dans le cadre de la liberté
d’expression et de la liberté de se réunir, de manifester.
"Il
n'y a pas très longtemps, il n’était pas envisageable d’organiser une
Gay Pride en République Tchèque ou en Slovaquie. Les choses avancent,
mais difficilement. A Chypre, par exemple, ce genre d’événements est
encore impensable", constate Mathilde Chevalier.
Dans les
pays Baltes, les choses ont pas mal progressé. "Il y a quelques
années à peine, rappelle Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty
International France, des personnes vivaient encore totalement
recluses. Aujourd’hui, il existe des associations qui donnent une
visibilité aux homosexuels. Cela permet de faire du lobbying auprès de
la Commission européenne."
« Je viendrai personnellement cracher sur eux »
La tolérance gagne du terrain. Mais les marches sont encore souvent émaillées de violences. Dans les pays de l'Est, comme à Sofia ou à Prague, des militants d'extrême-droite gâchent souvent la fête.
En Croatie, l'année dernière, la police a dû s’interposer pour
empêcher les contre-manifestants, qui arboraient des banderoles où
était écrit “Gay Pride, la honte de notre ville”, d’approcher
le défilé.
Comme en Slovaquie où la Gay Pride devait avoir lieu le 22 mai prochain. Jan Slota, le leader du parti national slovaque, le SNS, qui fait partie du gouvernement a prévenu. Si la parade a lieu, "je viendrai personnellement cracher sur eux." Le parti nationaliste juge la manifestation "socialement inadaptée" et menace d'une "réaction adaptée" avant le défilé afin de faire comprendre clairement aux homosexuels qu'ils "sont des éléments indésirables". Jan Slota considère l'homosexualité comme "une maladie".
L’année dernière, la parade prévue à Belgrade avait dû être annulée. En cause, des menaces de violences de la part de l’extrême droite serbe. Les autorités craignaient de ne pouvoir assurer la sécurité des manifestants.
Il faut dire que la première et unique Gay Pride jamais organisée dans la capitale serbe, le 28 juin 2001, s’était transformée en véritable bain de sang. Le cortège avait été très violemment attaqué par des militants nationalistes d’extrême droite, sous les yeux de forces de l’ordre impuissantes et débordées.
En Europe, la palme revient quand même à la Russie où être homosexuel et s’assumer comme tel, relève du parcours du combattant. A Moscou, chaque année, les manifestants bravent l’interdiction. Et doivent, non seulement faire face à l’hostilité de contre-manifestants. Mais aussi, bien souvent, à celle des forces de l’ordre, qui, non contentes de ne pas assurer leur protection, leur tapent aussi dessus. En 2009, une trentaine de participants ont été interpellés.
Cette année, ça ne s’annonce pas mieux. En janvier, Iouri Loujkov, le maire de Moscou, très hostile à la manifestation, comparait la Gay Pride à "une œuvre de Satan"…
En 2009, pendant une semaine et pour la première fois en Chine, s’est tenue la Shanghaï Pride. Pour ne pas faire de vagues, les organisateurs avaient choisi d’organiser les manifestions dans des lieux privés. Mais les autorités chinoises ont quand même fait annuler la projection d’un film et d’une représentation théâtrale.
Enfin, "dans les pays occidentaux aussi, on assiste une montée des discrimination. Homophobie comme racisme", analyse Geneviève Garrigos, la présidente d’Amnesty International France.