La France vit-elle une révolution conservatrice ?
La France fut souvent leader en Europe et dans le monde sur de nombreux points : Droits de l'homme, congés payés, etc...
Mais on peut observer une tendance inverse des ces avancées dans l'histoire récente de la France. Voici un petit tour de la France d'aujourd'hui :
(Source : http://news.fr.msn.com/m6-actualite/france/photo.aspx?cp-documentid=150937756)
Congés payés, Mai 68, droit à l'avortement, PACS... les avancées sociales en France ont été très nombreuses au 20e siècle et notre pays a longtemps fait figure de leader en Europe. Aujourd'hui cela ne semble plus être le cas. Au contraire, la famille, le travail, l'autorité, la fierté d'être Français sont les valeurs actuellement en hausse. Certains dénoncent ainsi un retour aux fractures traditionnelles, notamment depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Qu'en est-il réellement ? La France est-elle en train de vivre une révolution conservatrice ? Tour d'horizon des sujets qui font débat dans l'opinion.
Dix ans après l'entrée en vigueur du PACS, l'ouverture du mariage aux couples homosexuels fait toujours débat dans l'opinion, et ce alors que cinq pays d'Europe l'ont déjà autorisé (la Belgique, les Pays-Bas, l'Espagne, la Norvège et la Suède). Hélène Mandroux, le maire de Montpellier, vient de lancer un appel solennel en faveur du mariage gay au nom de l'"égalité des droits". Elle a reçu le soutien de nombreux maires, tels que Pierre Cohen (Toulouse), Bertrand Delanoë (Paris) ou encore Martine Aubry (Lille). Cécile Duflot au nom des Verts et Marie-George Buffet au nom du Parti Communiste se sont également ralliées à cette cause.
Si neuf pays européens l'autorisent aujourd'hui, la France se refuse toujours à permettre l'adoption aux couples homosexuels. La législation reste très restrictive : pour pouvoir adopter, il faut être soit marié, soit célibataire hétérosexuel et dans les faits, le profil préféré est le couple marié de moins de 40 ans, sans enfant, et avec une situation financière confortable. Pourtant, le tribunal de Besançon vient d'ordonner au Conseil Général du Jura de délivrer un agrément d'adoption à Emmanuelle B., une enseignante homosexuelle qui se battait pour cela depuis plus de dix ans. La France avait en effet été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme en 2008 pour discrimination sexuelle. Se dirige-t-on vers une ouverture de l'adoption aux homosexuels ? Rien n'est moins sûr, le gouvernement venant de réaffirmer son hostilité à toute évolution de la loi.
L'assistance médicale à la procréation (AMP), l'ensemble des techniques utilisées (insémination artificielle, fécondation in vitro...) pour permettre la procréation malgré l'infertilité, est extrêmement encadrée en France. Elle est uniquement réservée aux couples hétérosexuels, mariés ou non. La France fait partie des pays les plus restrictifs en la matière : la Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni l'autorisent pour les couples homosexuels et pour les femmes seules ; ces pays permettent également l'AMP post-mortem, c'est-à-dire après la mort du compagnon qui aurait préalablement fait congeler du sperme et donné son accord. Est-ce là le signe de réelles préoccupations éthiques ou d'un certain conservatisme des mœurs ?
La gestation pour autrui (GPA) est toujours interdite en France. Chaque année, entre 300 et 400 couples stériles se rendent donc à l'étranger, dans les pays où elle est autorisée, pour avoir recours à une mère porteuse. Or les enfants nés de cette pratique n'ont pas d'état-civil en France... Les époux Mennesson (photo), parents de jumelles nées en 2000 d'une mère porteuse californienne, ont pris la tête du combat pour la légalisation. Déjà, les mentalités commencent à évoluer : selon un récent sondage, 65% des Français y seraient favorables, et le Sénat l'avait même proposé dans un rapport rendu en 2008. Les mères porteuses seront-elles bientôt reconnues en France ? Il faudra attendre la révision des lois de bioéthique en 2010 pour avoir un début de réponse.[...]
Les députés et sénateurs, élus par le peuple,
sont les représentants de celui-ci. Néanmoins dans les faits,
ils sont parfois loin de ressembler aux citoyens qui les ont
élus... Ainsi, si la France compte 52% de
femmes,à l'Assemblée
Nationale elles ne sont que 18,2%... ce qui nous place au 62e rang du
classement mondial, juste après le Vénézuela et le Nicaragua. Nous avons
quasiment le même pourcentage de femmes au Parlement que le
Soudan (18,1%), alors que la condition féminine y est très
différente !
Et la France ne se distingue pas non plus au niveau de
l'origine sociale des députés... Alors que les employés et
ouvriers représentent plus de la moitié de la population active, seul 1% des
députés proviennent de leurs rangs.
Le succès d'Anne Lauvergeon (Areva, photo) ne doit pas faire illusion : de façon générale, les femmes sont peu représentées dans toutes les positions dominantes, aussi bien dans les entreprises que dans la vie publique (elles occupent seulement 15% des postes de direction dans la fonction publique). On a coutume de dire qu'elles sont enfermées sous un plafond de verre, qui les empêche de parvenir au sommet. Elles sont également victimes d'inégalités diverses au travail : tous temps de travail confondus, elles gagnent en moyenne 27% de moins que les hommes. Et elles connaissent davantage le temps partiel subi que leurs collègues masculins : 8,6% contre 2,4% des hommes.
Les Français d'origine étrangère continuent à souffrir de discrimination
à l'embauche. Ainsi, en moyenne et à compétences égales, un candidat
français avec un nom et un prénom français a entre 1,5 et 3 fois plus de
propositions d'entretien qu'un Français d'origine marocaine par
exemple.
Le chômage touche donc beaucoup plus les
étrangers que les Français : en moyenne, plus d'un cinquième
des actifs non-ressortissants de l'Union européenne étaient
demandeurs d'emploi en 2007, contre 8 % de l'ensemble de la
population active et 7,5 % des Français.
La Halde, Haute Autorité de
Lutte contre des Discriminations et pour l'Egalité, et son
président Louis Schweitzer, reçoivent chaque année des
milliers de plaintes à ce sujet.
Dans une étude récente, le CSA a tenté de mesurer la présence
des différentes catégories de population à l'écran dans
l'ensemble des émissions diffusées via la TNT de 17hà 24h. Il
en ressort d'abord une très nette sous-représentation des
femmes : un tiers des personnes alors qu'elles représentent
plus de la moitié de la population des 15 ans et plus. Surtout, cette étude
révèle la sous-représentation considérable des ouvriers (2 %
des personnes vues, contre 22,8 % des actifs occupés) et des
employés (16 % des personnes vues contre 29,8 % des actifs
occupés).
Enfin, le document insiste aussi sur la très faible visibilité des
populations "de couleur" : malgré sa popularité, Harry
Roselmack (photo) est encore l'une des rares personnalités noires de la
télévision française.
Alors, la France vit-elle sa révolution conservatrice ?